Mémoires d'un Maître Faussaire

Graham Joyce (qui prendra leu pseudo de William Heaney pour respecter le terme de "Mémoires")

Nombre de pages: 334

Difficulté de lecture: 2/3

Titre original: Memoirs of a Master Forger

Traduit de l'anglais par Mélanie Fazi

Résumé:
William est un faussaire spécialisé dans les livres. Il est doué pour l’écriture mais préfère griffonner incognito des poèmes pour un ami plus séduisant que lui et fabriquer des exemplaires factices de premières éditions de Jane Austen qu’il vend ensuite à des collectionneurs crédules. Il n’est pas si mauvais, au fond : il reverse l’argent récolté à un foyer pour SDF et ses crimes ne font de mal à personne.
Mais si William n’a rien fait d’autre de sa vie, ce n’est pas sans raison. Il a commis quelque chose qui lui fait honte quand il était étudiant, boit beaucoup trop et ne peut s’engager dans une relation amoureuse. Ah oui, et il voit des démons. Des silhouettes éthérées qui rôdent derrière le dos de ceux qui l’entourent, guettant un instant de faiblesse. À moins que William ne voie simplement la souffrance du monde ? C’est alors qu’une femme extraordinaire, peut-être capable de l’en sauver, entre dans sa vie… 

Mon avis:

Quand j'ai commencé à lire le livre, j'ai détesté, toutes ces descriptions de Londres et ces pseudo entrées en la matières. A la fin du deuxième chapitre, j'ai posé le livre, que je n'ai repris qu'un mois plus tard. Mais au fur et à mesure de ma lecture, je me suis dis que ce n'était pas si mal.

L'histoire est entrecoupée de souvenirs de l’université où l’on apprend comment William en est venu à voir les démons (j'y reviendrais), pour moi, c'est la partie la plus intéressante (avec le flirt avec Yasmin). 

William est un maître faussaire : avec l'aide de deux amis, il piège des collectionneurs en les faisant baver devant des pièces rarissimes et onéreuses. Les profits de ces ventes sont versés au foyer pour SDF, GoPoint.

Parlons-en, de ces deux amis, Stinx et Diamond Jaz, qui forment (avec William) le club des Chandelles. Stinx est l’artiste qui fabrique les contrefaçons et n’arrête pas de se faire larguer par sa copine. Jaz est un top model bisexuel d’origine asiatique  qui est chargé de trouver les potentiels acheteurs, c'est lui le fameux "ami plus séduisant que lui" pour qui il "griffonne des poèmes incognito" (business qui marchera un peu trop bien). Ils sont adorables, on s'attache beaucoup à eux, tout comme à Will.

Deux rencontres vont changer la vie de William:

- celle de  Seamus Todd, un vétéran de guerre. (Joyce n'hésitera pas à "passer" un très long extrait de journal intime de Seamus, et pour cause, c'est celui-ci qui va tout chambouler (et puis il est génial))

- celle de Yasmin, qui va  le remettre en cause.

Maintenant: les démons, l'intrigue principale (pour moi), car il y a une ambiguïté fantastique: seul William les voit, on a alors deux possibilités: soit on décide de croire à leur existence et le roman entre dans le fantastique, soit on estime qu'il ne s'agit que d'hallucinations de William et que les démons sont des métaphores pour nos défauts, nos vices et nos envies.

Pour ma part, je suis confuse: //SPOILERS// A l'université, Will invoque un démon pour sauver sa copine, celui-ci prend possession d'un humain; en outre, en lisant le journal de Seamus, Will nous fait comprendre que plusieurs personnes voient les démons (je peux concevoir que plusieurs personnes voient la misère du monde). Pour moi, les démons étaient des créatures concrètes. Mais Antonia, la directrice de GoPoint (qui est la seule personne à ne pas avoir de démons, qui projette une lumière qui purifie ce qui l'entoure lui révèle qu'elle voit les démons, et qu'ils sont en fait la souffrance des autres. Que penser?

La souffrance [...], il voit la souffrance des autres. Et la sienne. Il la voit sous forme de démons. De démons véritables 

La fin: Elle m'a un peu déçue, c'est satisfaisant mais assez niais... tout le monde et content, tout rentre dans l'ordre... mouai //SPOILERS//

J'ai aimé